Le petit journal n°3
Novembre 2006
Quelle bonne nouvelle ! Un prix Nobel de la Paix, Mohammed Yunus, véritablement au service des plus pauvres. Quel formidable encouragement pour nos partenaires qui pratiquent le micro-crédit avec succès, aussi bien LITDS à Katukapalli que CODER à Cinco-Pinos !
Vous lirez avec intérêt la présentation que nous fait Marie-Thé Rivière de Mohammed Yunus, qu’elle a eu l’occasion de rencontrer il y a quelques années, et du système des micro-crédits ; Chantal Gourdon l’illustrant avec l’exemple de la Coder.
Cinco-Pinos toujours, avec un important projet au niveau de la santé pour lequel Demains est partenaire.
Puis nous rejoindrons Peter Daniel, président de LITDS, qui nous fit l’immense amitié de participer à notre dernier Conseil d’Administration. Les mots traduisent difficilement l’intensité des regards et des paroles échangés ce jour-là, l’émotion lorsqu’il nous parla des sources de son engagement auprès des tribus, pauvres parmi les pauvres, et de la force de ses propos pour nous présenter les réalisations de LITDS et tous les projets à venir, hélas mis à mal par la terrible inondation de cet été.
Enfin quelques mots chaleureux de Flora depuis Cinco-Pinos.
Nous pouvons véritablement, aussi bien avec Peter Daniel qu’au travers de la petite lettre de Flora, toucher du doigt l’importance primordiale de l’amitié, du partage et des échanges auxquels nous croyons.
« I believe in partnership » nous disait Peter Daniel !
Bonne lecture
Hélène Sauvage
Retenez sur vos agendas la date de notre prochaine Assemblée Générale :
Elle aura lieu le DIMANCHE 29 AVRIL 2007
(un dimanche sans élection !)
à Angers
Nous vous donnerons début 2007 des indications plus précises quant au déroulement, lieu exact, hébergement, horaires, etc. ..
Nous espérons bien être aussi nombreux que l’an dernier à Auvers-sur-Oise, et même davantage ! A bientôt donc
Le « Prêteur d’espoir », Mohammed Yunus
La nomination du nouveau prix Nobel de la paix en la personne de Mohammed Yunus a de toute évidence réjoui toutes les personnes engagées dans des associations œuvrant dans des pays en développement, comme c’est le cas de l’association DEMAINS qui épaule des groupes en Inde et au Nicaragua.
En décembre 2000, j’assiste avec d’autres bénévoles au Forum des Associations de Solidarités Internationales à Agen ; le thème de réflexion est le micro-crédit et les invités principaux sont Mohammed Yunus et Kofi Annan (lequel a d’ailleurs obtenu, au titre de l’ONU, le Prix Nobel de la Paix en 2001). Mohammed Yunus donne une conférence très intéressante, pleine d’espoir, il visite les différents stands et s’arrête particulièrement sur le nôtre car nous avions affiché une carte de l’Inde.
Mohammed Yunus a 66 ans, il est né en 1940 au Bengale, dans un petit village de l’est de l’Inde (alors sous colonisation anglaise). Il est d’une famille musulmane très nombreuse mais aisée (le père est bijoutier). Sa famille vit cependant de façon sobre, elle est ouverte au monde occidental. Faisant partie des Scouts, dès l’âge de 15 ans, il voyage en Inde, en Europe, en Amérique du Nord, aux Philippines pour les rassemblements internationaux du scoutisme. Bon étudiant, il obtient sa licence d’économie à 21 ans puis devient enseignant quelques années et entrepreneur dans une imprimerie. Obtenant une bourse d’études, il part aux Etats-Unis pour une maîtrise suivie d’une thèse. Une fois docteur en économie, Yunus obtient un poste à l’Université du Tennessee.
Mais la guerre de libération du Pakistan oriental éclate en 1971 et Mohammed Yunus décide de rejoindre les indépendantistes. Il faut dire qu’en 1947, l’Inde s’est libérée du joug britannique et s’en est suivie, avec des luttes sanglantes, la Partition (musulmans relégués au Nord Ouest et Est de l’Inde formant ainsi le Pakistan Occidental et le Pakistan Oriental). Mohammed Yunus participe alors à l’indépendance du Pakistan Oriental, qui devient en 1971 le Bangladesh.
Et c’est en 1972 que Mohammed Yunus décide d’abandonner son poste de professeur d’université aux USA pour rentrer dans son ‘nouveau’ pays y exercer ses compétences.
Il est alors responsable du secteur d’économie au sein de l’Université de Chittagong (la 2éme ville du pays) lorsqu’éclate une terrible famine et il dira lui-même « j’ai été saisi de vertige voyant que toutes les théories que j’enseignais, n’empêchaient pas les gens mourir de faim ». Il décide donc de s’intéresser aux habitants miséreux habitant à proximité de son Université. Il crée un groupe d’étudiants de ‘recherche-action’ qui vont travailler sur les questions agricoles et les difficultés des gens à obtenir des capitaux. Les terres sont si petites qu’aucune banque ne veut prêter à ces paysans pauvres. Restent les usuriers locaux dont les prêts sont si exorbitants qu’ils ne font qu’acculer les familles à la misère.
Le groupe d’étudiants liste 42 femmes nécessiteuses ; Mohammed Yunus, prête sur ses propres deniers et sans garantie, à chacune l’équivalent de 25 euros, un montant dérisoire mais dont les résultats positifs sur l’amélioration de la vie des familles sont immédiats.
Chose étonnante : les remboursements se font sans difficultés (à 98%).
Mohammed Yunus essaie de convaincre les banques locales qu’elles peuvent prêter aux pauvres mais il échoue ; il décide de créer son propre programme et c’est la naissance de la GRAMEEN BANK (banque de village), officialisée en 1977, puis reconnue établissement bancaire en 1983 (à noter que 90% des actions appartiennent aux utilisateurs, les 10% restants à l’état).
Comment cela fonctionne-t-il ?
Les prêts sont de toutes petites sommes, ne s’accompagnant d’aucune garantie. Seule condition : les demandeurs doivent se grouper par 5 personnes minimum et s’épauler pour les remboursements. Cette condition est facteur de réussite car le groupe crée une implication devant les autres membres, une responsabilité de chacun et une solidarité.
Résultats :
– les taux de remboursements de ces modestes emprunts sont supérieurs à ceux obtenus dans les banques traditionnelles
– les groupes sont facteur d’éducation, de formation : il faut apprendre à organiser une réunion, tenir un cahier de comptes, rédiger un rapport, faire fructifier sa petite entreprise, investir parfois plus collectivement pour qu’une part des bénéfices du groupe aille dans un projet commun comme un puits, une école ou un dispensaire.
– les réunions de groupes servent aussi aux femmes à discuter de leurs difficultés communes, à partager, à décider de qui aura le prêt et pour quoi faire
– les économies familiales s’améliorent et donc, avec elles, la santé, la scolarisation et très certainement l’émancipation des femmes
Des exemples :
– une femme achète une poule et trouve un revenu quotidien avec la vente de ses œufs
– une autre achète un cyclo-pousse pour son mari
– une autre peut acheter l’osier nécessaire à la fabrication de chaises, etc.
A partir des années 90, le principe de micro-crédit a essaimé partout dans le monde avec des fonctionnements parfois un peu différents de ceux de la Grameen Bank
De nombreuses associations locales (ONG) ont mis cet objectif dans leurs programmes que ce soit en Inde, en Amérique latine ou en Afrique. Aujourd’hui, près de 300 millions de personnes en bénéficieraient.
Cette nomination fait l’unanimité je pense chez tous ceux qui croient au développement des pays pauvres car une paix durable ne peut pas être obtenue sans qu’une partie importante de la population trouve les moyens de se sortir de la pauvreté et le micro-crédit est un de ces moyens.
Marie-Thé Rivière
Micro-crédits et CODER à Cinco Pinos
Cinco Pinos, village rural de 7800 habitants, dans le nord du Nicaragua.
En 1988, la CODER (Commission pour le Développement Rural) fait une expérience de crédit à partir d’une collaboration ponctuelle et limitée avec des associations françaises de solidarité pour l’achat d’une vache. Les prêts étaient accordés à des personnes organisées en groupes, en particulier pour les femmes seules et chefs de famille. Le crédit était remboursé par un taurillon ou un veau.
En 1990 le micro-crédit se développe et son organisation évolue.
En effet, le Gouvernement sandiniste (1979-fin 1989) avait créé la Banque Nationale de Développement avec des succursales proposant des crédits à faible taux d’intérêt aux populations rurales. A la chute du gouvernement sandiniste en 1990, le nouveau gouvernement applique une politique néolibérale et supprime la Banque Nationale de Développement.
L’association CODER, composée de paysans pauvres, a pour objectif général de contribuer à ce que les familles rurales puissent trouver des solutions à leurs problèmes sociaux et économiques. Une réflexion s’instaure donc avec les délégués élus de chaque communauté et le programme de micro-crédit est créé. Des fonds sont alors sollicités et obtenus en France. Ainsi se constitue un fonds rotatif qui s’auto-alimente par les remboursements.
Plusieurs organismes à Cinco Pinos créent aussi des programmes de crédit. Ce qui caractérise CODER est qu’elle s’adresse aux familles en réelle difficulté et qu’elle dirige vers les autres centres de crédit les personnes qui ont plus de ressources et qui sollicitent un prêt qui dépasse le plafond fixé par CODER.
De 1990 à 1995, les prêts sont faits sans intérêt, en raison de la dévaluation de la monnaie. Puis, avec un taux d’intérêt modique.
Peuvent être bénéficiaires des personnes individuelles ou des groupes organisés.
Les prêts sont précédés de deux réunions avec ceux qui veulent faire un emprunt, pour expliquer les modalités de prêt, réfléchir sur les possibilités de remboursement par le calcul des rentrées d’argent, expliquer les termes officiels, les droits et devoirs des bénéficiaires, fixer avec chacun les dates d’échéance et faire l’apprentissage du calcul d’intérêt.
Les besoins auxquels répond le crédit sont variés : réparation d’un toit, agrandissement de la maison d’adobes, création d’un petit commerce, démarrage d’artisanat (cordonnier, tailleur, menuisier, boulanger, corbeilles en aiguilles de pin...), complément pour l’achat d’une vache, création de poulailler, achat de semences, achat de matériel (barbelés, outils) ...etc.
Le service de crédit organise aussi des formations sur les techniques agricoles, sur l’alimentation et la vaccination du bétail. Le remboursement des prêts subit parfois une baisse, surtout dans les années de sécheresse. En 1998, en raison de l’ouragan Mitch, il a fallu opérer des assouplissements tenant compte du désastre causé par la catastrophe.
Le niveau de vie au Nicaragua ne cesse de baisser, obligeant beaucoup de paysans (à Cinco Pinos, plus de la moitié d’entre eux n’ont pas de terre) à émigrer. Certains empruntent cependant pour constituer peu à peu un petit élevage dont la femme prend soin, jusqu’au retour.
Quelques faits :
En 1994, un groupe de femmes, organisées depuis 1991 pour un autre projet, a bénéficié d’un prêt pour l’achat de taurillons. Elles ont organisé le remboursement de manière collective et très responsable.
Dora a fait un emprunt pour acheter 1 coq et 10 poules. Elle calcule avec son compagnon le bénéfice qu’elle en tire pour l’alimentation de la famille et combien il lui reste pour d’autres achats. Elle explique tout cela à ses voisines et leur donne des poussins.
Gloria élève seule ses enfants. Avec le prêt elle achète 2 grandes casseroles, des assiettes, des verres et des fourchettes. Elle fait chez elle et vend le repas de midi aux maîtres d’école et aux employés de la mairie (qui habitent loin du bourg). Elle monte un petit "comedor".
Alfredo est revenu de la guerre en 1990. Il n’a pas de terre. Pendant un an il a travaillé chez sa belle-mère. Il a sollicité un emprunt pour l’achat d’une vache qu’il a remboursé dans le délai de trois ans. Avec un nouvel emprunt, il a réparé le toit de sa maison (achat de tuiles fabriquées dans le village). Un troisième emprunt lui a permis d’acheter une manzana (0 ha 7) de terre.
En 1998, Alfredo et sa femme ont 2 chevaux et 6 vaches ainsi qu’un poulailler. Avec la vente de veaux et de génisses, ils ont peu à peu agrandi leur terre.
En 2002, Alfredo n’a plus de vaches : il les a vendues pour acheter une terre plus grande pour son fils qui vient de se marier. Il compte recréer un petit cheptel.
Martha et son mari sont originaires de Cinco Pinos et reviennent du Mexique où ils avaient émigré. Ils achètent dans le bourg un espace abandonné occupé par de gros rochers. Ils y construisent leur maison d’adobes. Son mari a fait de la boulangerie au Mexique. Il va travailler comme ouvrier agricole en dehors de Cinco Pinos. Martha sollicite un emprunt pour acheter de la farine. Lors de la réunion, les personnes présentes refusent qu’on le lui accorde, car elle est "étrangère". Après réflexion, on revient sur cette décision.
Martha commence par faire des petites pâtisseries toute simples. Elle rembourse dans les délais et fait un nouvel emprunt plus important, puis un autre...
Avec son mari, ils montent une boulangerie, sans magasin naturellement, tout à fait inutile à Cinco Pinos. Ils donnent du travail à 3 jeunes. Le mari achète une vieille voiture (brinquebalante !) et vend du pain également dans la commune voisine. Ils ont fait pousser des bananiers dans le peu de terre qu’ils ont amenée entre les rochers. Martha a installé une petite "gloriette" où elle vend chaque soir d’excellents "tacos" (galettes de maïs frites enrobant de la viande).
Chantal Gourdon
Pour rester avec la CODER à Cinco-Pinos, voici une présentation du projet que Demains soutient actuellement
PROJET SANTE de CODER (COMMISSON POUR LE DEVELOPPEMENT RURAL) à Cinco Pinos (Nicaragua)
L’objectif général de ce projet est de contribuer à l’amélioration des conditions de santé de la population de Cinco Pinos, par le renforcement de l’engagement communautaire.
La CODER est consciente que, sans participation, il n’y a pas de développement. En conséquence, il est nécessaire que les organisations et les institutions locales, ainsi que la population de Cinco Pinos, soient intégrées dans le travail préventif, dans la surveillance et dans le traitement des maladies.
Analyse du problème :
– Dans les années 1980, les principales préoccupations du gouvernement étaient la santé et l’éducation. De cette époque, date la création des "brigadistes de santé", sorte d’infirmières aux pieds nus volontaires. Dans leur village, celles-ci continuent à faire un travail de prévention, de premiers soins, d’attention à la petite enfance, de vaccinations orales... en lien avec le Centre de Santé, lequel dépend de MINSA (Ministère de la Santé).
– Depuis 1990, les réformes structurelles imposées par le FMI (Fonds Monétaire International) ont réduit considérablement le budget alloué aux structures de santé existantes.
– La santé a disparu des préoccupations gouvernementales.
– CODER a toujours porté un intérêt attentif à la santé : agrandissement de l’ancien Centre de Santé, apport de médicaments et d’équipement, formation des accoucheuses et des brigadistes de santé, création d’une unité de médecine par les plantes, et même achat du terrain pour la construction du nouveau Centre de Santé (l’ancien étant devenu inutilisable).
– L’éloignement des hameaux par rapport au Centre bourg aggrave les problèmes et nécessite de multiplier les formations (secouristes, culture des plantes médicinales...) et de faire des achats bien ciblés (motocyclette, brancards rigides...)
– Aujourd’hui, la santé correspond à l’un des services les plus déficitaires et qui réclament une attention immédiate. On déplore, entre autres choses :
- la difficulté du transport (la population de Cinco Pinos est très éclatée géographiquement et certaines communautés rurales sont difficiles d’accès ; de nombreux transports de malades, dans des hamacs, se soldent par des pertes humaines).
- l’absence d’une politique participative cohérente et efficace.
- l’insuffisante sensibilisation de la population.
- le manque presque total de ressources économiques.
- l’instabilité et la compétence limitée des personnels (service obligatoire de 2 ans à la campagne dès l’obtention du diplôme).
- l’insuffisante formation des brigadistes et accoucheuses.
- l’absence de médicaments et d’équipement dans le Centre de Santé.
Proposition de CODER :
Promouvoir la participation de toute la population.
Signer un contrat avec MINSA (Ministère de la Santé) en la personne du médecin responsable à Cinco Pinos.
Faire pression auprès des autorités locales pour intégrer la santé dans le Comité de Développement Municipal (intégration d’un responsable des Brigadistes de Santé).
Renforcer les structures existantes.
A cet effet, des ressources sont nécessaires
– pour la sensibilisation de la population : campagnes, journées, matériel.
– pour la formation : des sessions pour les acteurs de santé ainsi que pour les jeunes
– pour l’équipement : civières rigides, pharmacies portatives, matériel de base pour l’élaboration de médicaments à base de plantes, culture de plantes médicinales.
– pour le fonctionnement : embauche d’un promoteur salarié, achat et entretien d’une motocyclette, carnets d’identification pour les acteurs de santé ...
Budget total : 19700 € Donation sollicitée : 15600 €
Versements de Demains : 14000 €
Grâce au projet ici présenté, CODER pourra contribuer à mettre fin à la situation critique actuelle de la santé et donner un nouvel élan à la création d’une communauté participative à Cinco Pinos.
Actuellement, au moment où nous rédigeons ce journal, nous avons eu de très bonnes nouvelles de l’avancement du projet :
– du matériel a été acheté : brancards, boîtes de pharmacie, divers matériels pour les maisons-relais santé dans les villages.
– différentes formations ont été réalisées : formations sur le thème du paludisme, formations de sages-femmes, conférences sur le VIH-SIDA auprès des jeunes, formations sur la réalisation de pommades, savons, etc, à base de plantes.
Lors de notre dernier Conseil d’Administration, le 10 septembre dernier, à Paris chez Arlette Piquet-Monjarret, nous avons eu l’immense joie d’accueillir parmi nous Peter Daniel, président de l’association LITDS, notre partenaire dans l’Andhra Pradesh. Nous avons ainsi partagé un temps fort d’amitié et d’échanges constructifs, dont voici un compte-rendu.
Quelques mots tout d’abord de l’histoire personnelle de Peter Daniel :
Il était professeur d’anglais, dans un très bon collège, jusqu’au décès de son père. C’est en assistant à ses obsèques et en découvrant à cette occasion la reconnaissance d’une multitude de pauvres que son père avait soutenus, aidés, avec ses faibles moyens, qu’il a pris conscience d’un appel à agir dans la fidélité à ce qu’avait été son père. Pour ceux qui ne connaissent pas bien l’Inde, il faut noter qu’en Inde, accéder à la prêtrise, c’est accéder à un statut social élevé et que les prêtres que nous avons rencontrés sont souvent très à cheval sur leur rang social. Y renoncer est un vrai renoncement, pas toujours facilement accepté par les proches.
« I believe in partnership » Peter Daniel nous explique qu’il a un large éventail de partenaires en Inde, qui vont des communautés religieuses au Parti communiste. “I don’t consider anyone as our ennemy.” Ce qui est important n’est ni la religion, ni la langue, mais le souci des pauvres. Il nous raconte qu’il a beaucoup de problèmes à cause des naxalites, (groupes d’indépendantistes violents), que sa vie a été en danger plusieurs fois et qu’il a dû se cacher à certains moments. “Ils croient qu’ils pourront parvenir au pouvoir par la violence. Ils veulent sauver les pauvres mais ils en arrivent à les tuer.” Katukapalli se trouve près de la frontière de l’Andhra Pradesh avec le Chhattisgarh (anciennement, partie du Madhya Pradesh). Dans le Chhattisgarh, le gouvernement a formé des groupes de jeunes pour lutter contre les naxalites. Les naxalites ont tué 60 de ces jeunes. Les gens se sont repliés dans la forêt en Andhra Pradesh.
Puis Peter Daniel nous fait un bref résumé des différentes actions de LITDS, en commençant par l’éducation. Les tribus parlent koya. LITDS accueille les enfants et leur apprend le telougou, langue officielle de l’Andhra Pradesh. Ensuite seulement, ils peuvent être scolarisés. Autre obstacle à la scolarisation : le travail. Beaucoup de petits propriétaires terriens le long de la rivière emploient ces enfants des tribus. Peter Daniel nous parle très rapidement des différentes actions de LITDS (Éducation, Santé, Groupes d’entraide, …) puis en arrive au problème du moment : les terribles inondations qui ont ravagé cette région.
Début août, le niveau de la rivière est monté de 22 mètres, à la suite d’un cyclone. 150 villages ont été atteints. La précédente crue de cette amplitude remontait à 1983, mais en 1983, elle n’avait duré que 2 jours tandis que cette année, elle a duré 7 jours. On déplore peu de pertes humaines parce que les gens ont eu le temps de se réfugier sur les collines : “The river came with a big voice.” Sept personnes seulement ont été noyées, dont deux en en sauvant d’autres, mais les récoltes, le bétail, la volaille ont été emportés : 3111 familles affectées, 636 maisons entièrement détruites, 194 maisons partiellement détruites, 610 chèvres, 541 boeufs, 75 buffles, 2626 poulets emportés. La crue n’a pas emporté les buffles que nous avons achetés, mais elle a emporté les pompes situées au bord de la rivière. (Quelques unes ont été retrouvées et nécessitent réparation.) Après une campagne de déblaiement et de vaccination (prévention du choléra et autres fièvres), il faut remplacer les récoltes perdues - en semant non pas du riz mais des graines qui nécessitent moins d’eau que le riz (maïs, par ex.) parce que la saison des pluies se termine bientôt. 30000 euros sont nécessaires pour acheter ces semences. Le gouvernement subventionne ces achats à hauteur de 15 %. 6000 euros sont donnés par la Suisse. CRS (Catholic Relief Service) a financé le programme médical, Enfants du Monde a aidé pour l’alimentaire.
Le CA décide alors d’envoyer 10000 euros + les 4000 qui étaient prévus pour le réservoir mais qui ont un usage plus urgent actuellement.
Reconstruction après le Tsunami
Nous avons soutenu deux projets de reconstruction après le tsunami de décembre 2004, tous les deux en Inde, l’un en Andhra Pradesh, avec LITDS, et l’autre au Tamil Nadu avec une ONG indienne, PCTC, travaillant à la réinsertion des personnes handicapées (www.pctck.org).
Trois étudiantes en médecine, dont Svetlana Sauvage, ont rapporté d’un stage à PCTC, quelques photographies des travaux de reconstruction encore en cours l’été dernier au Tamil Nadu, et que vous pouvez voir sur notre site www.demains.org.
Ces travaux ont été discutés et programmés par PCTC avec la collaboration de la population et en particulier des bénéficiaires ; Ils ont été réalisés grâce aux dons que nous avons reçus et à une subvention de la Fondation de France.
– Les dons reçus par DEMAINS ont servi à l’achat d’un terrain à Chandrapadi, comme en témoigne une plaque commémorative. Sur ce terrain, le gouvernement s’est engagé à édifier et faire fonctionner un collège d’enseignement secondaire (Sixième à Seconde incluse). Ce collège est en cours de construction. Il donnera la possibilité à des enfants des classes défavorisées, qui actuellement ne peuvent se rendre dans les collèges éloignés, de poursuivre leur scolarité après l’école primaire.
– La subvention de la Fondation de France a permis, dans un premier temps, de reconstruire ou réparer une cinquantaine d’habitations détruites ou endommagées, dans un village dalit (d’”intouchables”), Erukatancherry, où le revenu moyen par famille est de 20 euros par mois. D’autres projets, dans ces deux villages, sont actuellement en cours de réalisation (programme d’éducation à la santé, groupes d’entraide…).
QUELQUES NOUVELLES
Une petite lettre de Flora, de la Coder :
« J’ai décidé d’écrire en ce jour de premier anniversaire de notre séjour en France ; j’envoie un salut très fraternel à tous ceux avec qui nous avons pu partager notre expérience et vivre un peu en famille. C’est un plaisir de pouvoir vous envoyer ce bonjour, car à cause du manque de temps et des problèmes d’électricité que toujours nous avons, je ne pourrai pas vous écrire personnellement, mais je vous dirai qu’il y a toujours un moment où je me réserverai pour pouvoir écrire à chacun d’entre vous, comme je l’ai toujours fait.
J’espère que tous mes amis de France reçoivent mes saluts, principalement les personnes que nous connaissons et qui, d’une manière ou d’une autre, appuient notre association.
Bises et salut pour tous, »
Flora
Suite au séjour en France de Flora et Francisco en septembre 2005, durant lequel ils ont passé une journée en Vendée avec visite et échanges à la bibliothèque du Poiré-sur-Vie, un petit groupe s’est créé.
En effet, la bibliothécaire, Sylvie Rousseau, très touchée par la qualité des relations qui se sont établies avec Flora et Francisco ce jour-là, et par leur désir de communication, d’échanges et d’amitié, bien au-delà de l’aide financière, a motivé autour d’elle une dizaine de personnes, dont 3 jeunes, pour démarrer une petite correspondance avec la bibliothèque de Cinco-Pinos et le club « Lire pour grandir ».
On a démarré par un petit reportage photo pour amorcer le dialogue, et on vous tiendra au courant !
Hélène Sauvage
Des nouvelles de la région d’Angers :
Une conférence diaporama aura lieu à Bouchemaine, à la salle Chevrière, le dimanche 26 novembre à 14h :
« Jusqu’au Cap de Bonne Espérance »
16 464 Km à vélo
Un point d’interrogation à la rencontre d’initiatives solidaires.
par Marie-Hélène et Yannick Billard
Cette conférence revêt pour nous un caractère exceptionnel car d’une part, elle a lieu au moment de la Semaine des Solidarités Internationales et d’autre part, Yannick, originaire de Bouchemaine, y a vécu jusqu’à la fin de ses études en 2002.
Le jeune couple relatera à cette occasion son expérience de voyage d’une année à bicyclette à travers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, tout en proposant une sensibilisation à des solidarités possibles.
De très jolies cartes de correspondances avec photo et logo de Demains
sont à vendre !
Il ne s’agit pas de cartes de vœux, elles peuvent être utilisées à toute occasion. (elles sont livrées sans enveloppes)
Il y a 4 tirages différents :
2 sont signées CODER, Cinco Pinos, Nicaragua
2 sont signées LITDS, Katukapalli, Andra Pradesh, Inde
C’est un plus pour nos actions et un ’petit moyen médiatique’ pour faire connaître DEMAINS. A vous de commander auprès de Marie-Thé Rivière !
Le prix de vente est fixé à 1 euro la carte, à régler à réception plus les frais de port indiqués sur l’envoi.
Marie-Thé Rivière
- 3 rue de l’Aumônerie
- 49080 Bouchemaine
- 02 41 77 12 57
- lmtr@rezo.net
Enfin notez bien les coordonnées de notre nouveau trésorier.
André Huber
- 71, boulevard des Etats-Unis
- 78 110 LE VESINET
- 01 30 71 34 79
- a.huber@noos.fr